Passez donc ces lunettes 3D et chaussez le casque que je vous tends avant de plonger dans les concerts d’avertisseurs, d’évoluer aux chants des cigales ou bruissement de vagues qui bientôt éveilleront vos sens: 200 km de purs régals routier ! Entre Terre et Mer, du cœur de la métropole en perpétuelle effervescence aux merveilleux sites naturels que comptent les Bouches-du-Rhône, voilà le diaporama que nous vous invitons à visionner… en relief et en stéréo.
De reliefs, Marseille n’en manque pas. Sa Canebière a fait le tour de la terre, ses calanques, sa Bonne Mère et sa gouaille aussi. La capitale méridionale vaut de s’y immerger sans compter jours et heures : le Vieux Port et le quartier du Panier, le Palais Longchamp, la Corniche Kénédy avec, tout au bout du « monde » le village des Goudes, pour ne citer qu’eux, sont autant de lieux magiques que vous ne trouverez nulle part ailleurs. Une fois repus de la grande ville, c’est par le col de la Gineste que les motards marseillais ont l’habitude d’« attaquer » leur randonnée à moto. Si vous en voyez un dans vos rétroviseurs, garez-vous car il connaît comme sa poche tous les enchaînements du tracé qui s’envole et virevolte dès la sortie de sa ville. Si vous tentez de résister, il pourra vous en cuire. Regardez plutôt autour de vous. La féerie des majestueux monts calcaires mérite qu’on la contemple jusqu’au bout.
Après le plateau de Carpiagne, la route désescalade déjà. Un arrêt en surplomb pour admirer le village de Cassis, presque aussi prisé que celui de Saint-Tropez, donnera l’envie de se rafraîchir sur le petit port. A la belle saison, de se baigner aussi. Si vous choisissez de visiter les fameuses calanques, ou de les approcher en bateau de promenade, prévoyez une seconde journée pour le parcours entre Terre et Mer. En levant la tête vous verrez, telle une grande muraille au-dessus des eaux, le Cap Canaille. Le serpentin de bitume qui y grimpe est simplement vertigineux. Le vertige, vous l’aurez encore une fois parvenus, à près de 400 mètres, au sommet de la plus haute falaise maritime d’Europe. Considérée comme une des plus belles route au monde, la route des Crêtes est un morceau de bravoure dont on se trouve récompensé par un 16/9 sur le Golfe d’Amour courant des plages de la Ciotat à celles de Saint-Cyr les Lecques. Vous verrez, ça prend aux tripes… que vous essaierez de ne pas les cracher sur la D3 à partir de Ceyreste, où vous allez manger du virage jusqu’à plus faim.
Ouvrez donc la boîte à souvenirs pour en retenir quelques-uns. Au sortir d’une épaisse forêt de pins, notre parcours engage à bifurquer sur la gauche. En continuant tout droit, le circuit Paul Ricard n’est qu’à 10 km. Que vous ayez fait ou pas de crochet par la piste adulée, la petite D3 glissant ensuite vers le col de l’Ange associe tous les codes propres à charmer vos sens. Le col se descend sur la face ouest, menant au tout mignon village de Gémenos. Prenez maintenant votre respiration et prononcez Sainte-Baume. C’est le nom de la montagne se dressant devant vous, dont le Pic de Bertagne veille de ses 1041 m sur le département. Au risque de me répéter, la route de l’Espigoulier allant presque jusqu’au sommet est grandiose, tout comme les paysages, les courbes aux rayons variés et le pied qu’on prend à y piloter. Le site sert de spéciale aux rallyes auto, de lieu entraînement aux cyclistes et fous de vitesse motorisés. Riche en virages aveugles, la D2 est également traversée par les promeneurs rejoignant leur terrain de jeu. Inutile de dire qu’il faut être prudent, d’autant qu’elle devient étroite et défoncée sur sa partie haute. A peine arrivés au Plan-d’Aups, nous l’abandonnons à regret pour la D12 qui descend vers Saint Zacharie. L’espace naturel ne se décrit plus, il se vit, il se hume et se savoure derrière la visière. Après, c’est le col du Petit Galibier par le Pas de la Couelle. A travers la montagne de Régagnas, il vous entraîne dans une nature intacte servant de cadre à mille et un virages serrés. A Trets, on tire « droit devant ». La vision de la Sainte-Victoire peinte par Cézanne prend à son tour aux tripes. Nous l’abordons par la pente douce. Après Puyloubier, c’est la tête tournée vers la droite qu’on suit le plateau calcaire offrant un étonnant spectacle. Rêves de varappe. En descendant de Saint-Anthonin vers le Tholonet par une route de nouveau indescriptible, la roche blanche cède aux argiles rouges. Le Colorado, c’est par là ?
Aix-en-Provence sonne un retour à l’urbanisation. La ville est un musée à ciel ouvert dans les rues de laquelle on s’alanguira avant de prendre un verre à une terrasse ombragée du cours Mirabeau. A 15 km de la Cité du Roy René, un haut lieu vous attend : l’aqueduc de Roquefavour. Long de 393 m il est, avec près de 83 m, presque deux fois plus haut que le pont du Gard. A seulement 1 km, près de Ventabren, l’imposant viaduc du TGV est le pendant moderne de Roquefavour. Puis c’est la Fare-les-Oliviers entourée de vignobles et voilà que nous approchons du pourtour de l’étang de Berre, universellement connu pour le complexe pétrochimique de Fos. De Saint-Chamas à Istres en passant par Miramas, la rive majoritairement préservée ne manque pourtant pas de charmes. Après un demi-tour d’étang, Martigues surnommée Venise Provençale, pour les canaux qui la jalonnent, nous ramène vers la Méditerranée. Sausset, Carry-le-Rouet sont les villages emblématiques de la Côte Bleue formant calanques sauvages bordées de vastes pinèdes. Le Rove où l’on pourra acheter du fromage de chèvres ne vivant qu’ici, puis l’Estaque célèbre pour ses panisses et célébrée par le réalisateur Robert Guédiguian (Marius et Janette) annoncent le retour vers Marseille que l’on approche en longeant le Port de commerce, avant de «retomber » de plain-pied sur le Vieux Port les yeux tout écarquillés de tant de diversité.